Au-delà de l’émoi et de la colère jusqu’au dégoût qu’elles ont suscités, les révélations de Sarah Abitbol, qui accuse son ancien entraîneur de l’avoir agressée sexuellement et violée pendant deux ans, ont non seulement provoqué un profond séisme au sein du sport français, mais elles ont aussi permis une prise de conscience collective chez les sportifs de haut niveau.
Elle s’est matérialisée par la signature d’une Tribune dans laquelle, avec force et courage, 54 d’entre eux, forcément révoltés – doux euphémisme -, reconnaissent aussi leur part de responsabilité pour « avoir eu des doutes, des suspicions, des bribes d’informations ».
Mais happés par un système, qui broie l’individu, se moque de ses propres valeurs sur l’autel du froid résultat et de la gagne à tout prix – à n’importe quel prix même ! -, ils n’ont pas osé dénoncer sans preuves tangibles, ils n’ont surtout pas été encouragés à le faire et, bien au contraire, par peur des représailles, se sont murés dans le silence imposé par une hiérarchie, habile à manipuler ses ouailles sur l’air de l’esprit de famille, par des parents aussi, aveugles et sourds devant l’espoir d’une réussite pour laquelle, comme leurs enfants, ils ont tant sacrifié…
Comme ces 54 sportifs, la FNASS demande aujourd’hui que les vrais responsables soient punis – Sarah Abitbol n’est malheureusement pas la seule et son effroyable témoignage a donné à d’autres le courage de parler – pour que la culpabilité change enfin de camp.
Comme eux, la FNASS souhaite que ses prédateurs ne puissent plus jamais changer les rêves en cauchemars.
Mais punir, même avec la plus grande fermeté, les coupables ne suffira pas. Mais penser que seuls les sports individuels sont à risque serait une erreur car la loi du silence est plus forte et plus lourde encore au sein d’un groupe, au point qu’il nous faut aujourd’hui entendre différent le « tout ce qui se passe dans notre vestiaire ne sort pas de notre vestiaire » !
La Fédération Nationale des Associations et syndicats de sportifs (la FNASS) soutient ainsi les propositions émises dans cette tribune et souhaite qu’elle s’applique à toutes les disciplines :
- Création d’une cellule d’écoute des victimes, indépendante des fédérations et tenue de respecter l’anonymat le plus complet. Une cellule en capacité de saisir le ministère des Sports pour permettre le lancement d’enquêtes administratives et la saisine du procureur de la République.
- Interdiction à vie d’exercer tout métier au contact de la jeunesse, quel que soit le domaine, pour tous les agresseurs et les prédateurs sexuels avérés. Une cellule, indépendante elle aussi, aura la charge de contrôler systématiquement les casiers et les antécédents judiciaires des bénévoles, des entraîneurs et des dirigeants de clubs et de fédérations.
Les membres de la FNASS continueront, quant à eux, le travail de prévention et d’informations qu’ils effectuent déjà, notamment auprès des plus jeunes populations de sportifs.
En ce sens, les membres de la FNASS se mettent au service des instances en général et de leurs fédérations en particulier pour mener de concert toutes les actions utiles afin de coconstruire les conditions à même d’éradiquer ce fléau.
Comme la Tribune l’a montré, les sportifs sont des femmes et des hommes responsables, décidés à abattre définitivement le mur du silence, décidés, surtout, à construire un sport où l’individu sera, toujours et avant tout, sur la plus haute marche du podium et portera les valeurs communes comme autant de médailles.